Par Benoît Hervieu
Reporters sans frontières
L’avocat Ricardo Rosales a été assassiné le 17 janvier 2012, trois jours après avoir dénoncé au quotidien Diario Tiempo, de très graves violations des droits de l’homme attribuées à des fonctionnaires de police de Tela (Nord) (http://www.tiempo.hn/index.php/sucesos/3059-abogado-denuncia-abusos-de-policias). Ricardo Rosales quittait son domicile, où se trouve également son bureau, pour se rendre à une audience lorsque trois individus armés et encapuchonnés l’ont abattu. L’avocat avait récemment défendu Marco Joel Alvarez, alias el Unicornio, inculpé puis blanchi dans l’enquête sur l’assassinat, le 11 mars 2010, du journaliste David Meza Montesinos (http://fr.rsf.org/honduras-le-principal-suspect-de-l-02-11-2011,41327.html)
"Aux côtés des journalistes, des avocats, universitaires, militants des droits de l’homme, syndicalistes, représentants associatifs ou simples citoyens constituent autant de piliers de la liberté d’informer et le payent trop souvent de leur vie. Selon le Collège des avocats du Honduras (CAH), 74 d’entre eux ont été tués ces trois dernières années en toute impunité. Ce bilan révèle à son tour la faillite complète de l’État de droit que connaît le pays - déjà plombé par l’un des pires indices mondiaux d’insécurité - depuis le coup d’État du 28 juin 2009. En saluant le courage de Ricardo Rosales, nous exigeons que justice lui soit rendue comme aux autres", a déclaré Reporters sans frontières, qui rappelle que 17 journalistes honduriens ont été assassinés depuis 2010 (http://fr.rsf.org/honduras-une-journaliste-assassinee-un-08-12-2011,41527.html).
Selon les informations fournies par l’avocat, des actes de tortures sur des détenus, des abus sexuels sur des jeunes femmes parfois mineures et d’autres humiliations auraient été pratiqués par des policiers entrés récemment en fonctions à Tela pour en remplacer 70 autres assignés et envoyés vers d’autres postes par le ministère de la Sécurité. Ces mesures de rotation au sein de la police s’inscrivent dans le cadre de la vaste Opération Éclair (Operativo Relámpago), lancée en novembre dernier par le gouvernement et destinée officiellement à “lutter contre l’insécurité”. “S’agit-il effectivement de vaincre l’insécurité ou de faire oublier les pires atteintes aux droits humains par un jeu de mutations administratives ? L’assassinat de Ricardo Rosales donne le droit de s’interroger. Pendant ce temps, la répression et la terreur continuent (http://fr.rsf.org/honduras-une-protestation-pacifique-de-14-12-2011,41547.html)”, a déclaré Reporters sans frontières.
Ricardo Rosales avait pris connaissance des agissements des policiers par les dépositions de parents des victimes et par un témoignage direct d’une jeune fille qui n’ose pas porter plainte pour le moment.