mardi 28 décembre 2010

Des organisations internationales exigent un moratoire immédiat des expulsions de paysans à El Aguan

Plus de 50 organisations internationales, civiles et religieuses, ont exhorté le Département d’Etat des Etats-Unis pour qu’il exige du gouvernement hondurien « un moratoire immédiat et indéfini » sur quelconque action policière ou militaire qui force les paysans de El Aguan a quitter leurs terres, et ce, jusqu’à que soient conclues les négociations initiées il y a longtemps déjà.
[…]
Plusieurs signataires de l’appel ont déjà insisté auprès du Département d’Etat ces derniers six mois, pour que soient arrêtés les responsables des assassinats d’au moins sept paysans du Aguan, en 2010, ainsi que ceux qui financent ces actes.
[…]
Les organisations dénoncent qu’il n’est pas dans l’intérêt du gouvernement des Etats-Unis d’appuyer le gouvernement issu du coup d’Etat, gouvernement qui ne respecte pas les standards minimaux en termes de droits humains et qui permet ces injustices violentes contre des communautés entières de familles paysannes qui réclament la terre d’où elles sont déplacées avec violence et par la force.
[…]
Les organisations exigent également le respect des organisations et mouvement sociaux qui sont en résistance massive et non-violente contre le coup d’Etat et le « régime de facto illégitime » et qui luttent pour une assemblée constitutive pour créer une Constitution inclusive, une nouvelle Constitution qui assure les droits humains du peuple traditionnellement exclu de la vie politique et économique au Honduras.

Parmi les organisations signataires, on peut citer : Témoins pour la Paix, l’Institut d’Etudes du Travail de l’Université du Missouri ; l’Institut d’Education Populaire du Sud Est de la Californie (IDEPSCA) ; le Comité de Paix et Justice Frères de la Sainte Croix ; l’Observatoire pour l’Ecole des Amériques : le Centre Nicaragua pour l’Action Communautaire de Berkeley ; la Coalition Manos Fuera de Honduras ; l’Association des Collèges et Universités Jésuites ; la Voz de los de Abajo, Chicago ; Nonviolence International ; Alliance pour la Justice Globale ; May I Speak Freely Media et tant d’autres.

lundi 13 décembre 2010

Appel de la Plateforme pour la Démocratie au Honduras

La résistance au coup d’État au Honduras continue

Le 28 juin 2009, le président constitutionnel du Honduras, Manuel Zelaya, a été séquestré par l'armée et expulsé de force vers le Costa-Rica. Ce coup d'Etat a bénéficié de l'appui tacite des États-Unis, omniprésents dans le pays depuis des décennies. Une oligarchie des plus réactionnaires a repris le pouvoir afin de stopper les réformes sociales et empêcher la convocation d'une assemblée constituante visant à démocratiser le pays.

Le gouvernement putschiste a ensuite organisé un simulacre d’élection le 29 novembre 2009, entériné par les Etats-Unis et l’Union Européenne.
L’appui tacite de l’UE s’est concrétisé par le fait qu’elle n’a pas appliqué contre cette dictature la clause démocratique et de droits de l’Homme prévue par les accords commerciaux (Système de Préférences Généralisées, SPG) et n’a pas renvoyé l’ambassadeur putschiste comme elle aurait pu le faire. Par la suite, elle s’est empressée de signer de nouveaux accords de libre-échange avec le gouvernement issu des élections organisées par la dictature.

Les mouvements sociaux qui appuyaient le gouvernement du Président Zelaya se sont constitués en front de résistance à la dictature dès le lendemain du coup d'État. Malgré le haut niveau de répression, les morts, les disparus, les blessés, la censure et la destruction des quelques médias indépendants, ils continuent à opposer une résistance sans précédent. Aujourd’hui on ne compte plus les assassinats de syndicalistes, de paysans, de journalistes ou d’homosexuels.

Malgré la situation, la résistance est parvenue à récolter près d’un million et demi de signatures pour convoquer une Constituante et continue de s’opposer activement aux politiques ultraconservatrices et de régression sociale du gouvernement de facto, ainsi qu’à la spoliation des terres et au pillage des ressources naturelles du pays par les multinationales notamment.

Pour la Plate-forme pour la démocratie au Honduras, il est essentiel de continuer à s'opposer à ce coup d'État et au gouvernement qui en est issu, à soutenir la démocratie et les libertés; non seulement au Honduras, mais sur tout le continent latino-américain et dans le reste du monde.

Pour nous, habitants de Belgique, il est inacceptable que l'Union européenne et la Belgique cautionnent un tel régime de fait, de telles façades démocratiques, et tolèrent de telles violations des droits humains et de l'État de droit. Il s'agit également de rejeter l’accord de libre-échange conclu avec ce régime qui s'oppose par les armes aux changements sociaux et aux aspirations démocratiques du peuple hondurien.

Nous réclamons
- L’expulsion par la Belgique de l'ambassadeur hondurien putschiste
- L’annulation de l'accord de libre-échange et de coopération négocié entre l’UE et le Honduras
Nous soutenons les principales revendications du Front National de Résistance Populaire. A savoir :
- Le rétablissement du gouvernement légitime renversé par le coup d’état
- L’organisation d’une Assemblée Constituante
Nous affirmons notre solidarité avec le peuple hondurien en lutte pour la démocratie, la liberté, la justice sociale, la souveraineté et contre l’impunité.

Vous pouvez devenir signataire de cet appel. Contactez-nous au 0486 50 79 96

mercredi 24 novembre 2010

Assemblée générale de la Plateforme: 27 novembre 2010

L'Assemblée générale de la Plate-forme pour la démocratie au Honduras se tiendra le samedi 27 novembre à partir de 9h30 à la Maison de la Paix, 35 rue Van Elewyck à Ixelles.

Lors de cette assemblée, nous ferons un exposé sur les derniers évènements au Honduras. Nous discuterons également les structures et les moyens d'action de la Plate-forme ainsi que l'adhésion des associations à celle-ci.

Les personnes ou associations intéressées sont priées de s'annoncer au 0486 50 79 96.
Nous espérons vous voir nombreux lors de cette Assemblée.

Pour la Plate-forme
Sebastian Franco

vendredi 12 novembre 2010

jeudi 14 octobre 2010

L’Union Européenne ne doit pas recevoir des putschistes !

Manifestation ce jeudi 14 octobre à midi au Rond point Schuman.

La Plate forme pour la Démocratie au Honduras dénonce la rencontre qui aura lieu entre Herman Van Rompuy, Président du Conseil de l’Europe et le Cardinal Rodriguez Maradiaga de Tegucigalpa (Honduras) aujourd'hui à Bruxelles.

Le cardinal Maradiaga a appuyé le coup d’Etat au Honduras, alors même que ce dernier était condamné à l’unanimité par l’Assemblée générale de Nations unies. Il est même considéré par le dernier gouvernement légitime du Honduras comme l’un des auteurs de ce putsch qui fut organisé par les pouvoirs économiques locaux, notamment les quelques familles qui monopolisent l’économie hondurienne et l’armée avec comme conséquence la reprise en main du pouvoir politique par l’oligarchie traditionnelle, aujourd’hui de plus en plus liée au capital international et appuyée par les forces de l’ordre.

La Conférence épiscopale, à l’initiative du Cardinal Maradiaga, a appuyé le coup d’Etat. Seul un évêque s’est opposé, prenant le parti des exclus de la société. Il s’agit donc de l´expression d’un pouvoir ecclésiastique, allié aux forces politiques conservatrices et d’exploitation économique. Alors que l’on aurait attendu de l’Eglise un témoignage de solidarité avec les pauvres, c’est tout le contraire qui s’est passé.

Dans ce sans nous appelons les institutions européennes a rejeter la présence de ce représentant du pouvoir ecclésiastique hondurien en Belgique.

La Plate forme pour la Démocratie au Honduras lance un appel à manifester ce jeudi 14 octobre à 12h Rond point Schuman, face au Conseil de l’Europe.

La plate forme pour la démocratie au Honduras est une coordination qui rassemble les organisations belges qui dénoncent le coup d’État au Honduras depuis juin 2009 et soutiennent la lutte du peuple hondurien pour la démocratie.

Contact:

Pablo Sanchez 0486 50 79 96

Lettre de François Houtart au Président du Conseil, Herman Van Rompuy

Monsieur le Président et chers Amis,

Par ce mot je me permets de vous envoyer l'article que j'ai publié il y a un an dans La Libre Belgique [article ci-dessous], notamment à propos du Honduras et de la position prise par le Cardinal Rodriguez Mariadaga.
Je suis retourné au Honduras en juillet dernier et, avec notamment Mr Perez Esquivel, prix Nobel de la Paix, je suis membre de la Commission de Vérité sur le coup d'Etat, organisée par la Résistance (les mouvements sociaux). Je puis vous dire que malheureusement la situation ne s'est pas améliorée et que les violations des droits humains continuent à être très nombreuses. Un referendum a été organisé par les mouvements sociaux pour l'organsiation d'une Consituante (l'actuelle constitution a été promulguée par un régime militaire) et a receuilli 1.300.000 voix, ce qui montre l'ampleur de l'appui populaire, qui va bien au delà du champ politique ou du rétablissement d'un président renversé, pour déboucher sur une demande de changements sociaux profonds.
Il est difficile de croire que la réconciliation nécessaire ne passe d'abord par une reconnaissance des injustices et que l'appui à un coup d'Etat organisé par les groupes les plus nantis soit une étape de la lutte contre la pauvreté.
C'est pour cette raison que je me suis permis de vous transmettre ces informations.
Je vous prie de croire à mes sentiments les meilleurs.

François Houtart

Au sujet de la visite à Bruxelles du Cardinal Maradiaga, par François Houtart

L’Institut catholique de Paris honore le cardinal Maradiaga qui a appuyé le coup d’Etat au Honduras et Michel Camdessus, ex-FMI. Au service des puissants et non de leurs victimes !
par François Houtart
(27 octobre 2009)

L’Institut catholique de Paris a décidé d’attribuer un doctorat honoris causa au Cardinal Rodriguez Maradiaga de Tegucigalpa au Honduras et à Monsieur Michel Camdessus, l’ancien directeur général du Fonds monétaire international.
Dans le premier cas, il s’agit de l’attribution de cette distinction à un homme d’Eglise qui a appuyé le coup d’Etat au Honduras, alors même que ce dernier était condamné à l’unanimité par l’Assemblée générale de Nations unies. Personnellement, j’ai pu assister à cette réunion et entendre les commentaires de l’ensemble des pays sur cette question. Par respect de la démocratie dans le monde, personne ne pouvait accepter un coup d’Etat accompagné par l’expulsion du président légal, à quelques mois seulement des élections.
Par ailleurs, cette action illégale, organisée par les pouvoirs économiques locaux, notamment les quelques familles qui monopolisent l’économie hondurienne, et par l’armée, signifiait nettement la reprise en main du pouvoir politique par l’oligarchie traditionnelle, aujourd’hui de plus en plus liée au capital international et appuyée par les forces de l’ordre. Il s’agissait de freiner la transformation sociale en cours et l’alliance du pays avec les autres nations ayant rejoint l’Alba, l’initiative d’intégration latino-américaine basée non sur la compétitivité, mais sur la complémentarité et la solidarité. Face à cela, les mouvements sociaux, représentant les victimes du système économique et les plus pauvres de la société hondurienne, se sont fédérés en une résistance organisée. Il s’agit de mouvements ouvriers, paysans, indigènes, des descendants d’Africains, des femmes. Ce mouvement d’opposition a
clairement indiqué quels étaient les enjeux : s’opposer à la perpétuation des privilèges et appuyer un projet, sans doute encore modeste et imparfait, de transformation sociale.
La Conférence épiscopale, à l’initiative du Cardinal Maradiaga, a appuyé le coup d’Etat. Seul un évêque s’est opposé, prenant le parti des exclus de la société. Il s’agit donc de l´expression d’un pouvoir ecclésiastique, allié aux forces politiques conservatrices et d’exploitation économique. Alors que l’on aurait attendu de l’Eglise un témoignage de solidarité avec les pauvres, c’est tout le contraire qui s’est passé. Faut-il voir dans le chef de l’Institut catholique de Paris un alignement sur le même type de pensée ou un manque d’information, difficilement acceptable pour une institution académique ?
La deuxième personne mise à l’honneur est Michel Camdessus, l’ancien directeur-général du Fonds monétaire international. En pleine crise économique, dont un facteur fut l’orientation économique donnée par les institutions de "Bretton Woods" sur le plan mondial, c’est à l’un des principaux artisans de cette politique que l’Institut catholique donne un doctorat honoris causa. Quand on connaît les ravages sociaux produits par les politiques du FMI, les conséquences dramatiques de la crise financière et monétaire sur le plan de l’emploi, et l’écroulement économique, notamment de certaines sociétés du Sud, on ne peut que remettre en question les modèles d’analyse utilisés et les décisions prises. S’il existait une cour pénale internationale pour les crimes économiques, M. Camdessus se trouverait sur le banc des accusés pour crime contre l’humanité. Au lieu de cela, il représente aujourd´hui la Commission
pontificale Justice et Paix dans des instances internationales, il préside les Semaines sociales de France et recevra un doctorat honoris causa de l’Institut catholique de Paris.
De telles contradictions ne peuvent s’expliquer que par une lecture de la situation du monde, avec les yeux des puissants, ceux dont la logique a produit les catastrophes sociales et non pas avec les yeux des victimes, comme la fidélité aux enseignements et à la pratique de Jésus-Christ l’aurait exigé.
Voilà pourquoi il s’agit en l’occurrence d’un contre-témoignage parfait.

François Houtart

samedi 25 septembre 2010

ENTRETIEN AVEC MANUEL ZELAYA, PRESIDENT LEGITIME DU HONDURAS (2006-2010)

« La résistance est la voie pour restaurer la démocratie »

Un entretien exclusif pour Le Monde diplomatique en español

par Christophe Ventura

publié : le
20 septembre 2010

Il y a un peu plus d’un an, le 28 juin 2009, un coup d’État organisé par des secteurs de la droite, les forces armées et mené avec l’accord, au moins tacite, de l’administration des États-Unis, renversait José Manuel Zelaya, président légitimement élu du Honduras (2006-2010). Depuis le 27 janvier 2010, Manuel Zelaya réside, exilé, en République dominicaine. De là bas, il dirige le Front national de résistance populaire (FNRP) et conduit le combat pour la restauration de la démocratie dans son pays.

Il vient d’être nommé, le 18 septembre 2010, député du « Parlacen » - Parlement centre-américain - qui constitue le forum politique régional du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua, du Panama et du Salvador [1]. Pour le président nicaraguayen de cette institution, Jacinto Suárez, « il n’était pas concevable que ce parlement puisse prendre une position aboutissant à la négation des droits politiques du président Zelaya ». De son côté, le FNRP considère qu’il s’agit d’un pas important vers la possibilité « que Manuel Zelaya puisse revenir de l’exil ». Et ce, alors que le mouvement populaire hondurien vient de remporter une importante victoire politique malgré la persistance de la répression organisée par le gouvernement du nouveau président Porfirio Lobo. Près de 1,4 millions de honduriens [2] ont, en effet, signé une pétition du FNPR intitulée « Oui à la Constituante ! » en faveur de la refondation démocratique du Honduras.

Le Honduras est devenu un espace de confrontation politique et diplomatique entre, d’une part, les États-Unis et leurs alliés locaux (gouvernements de droite et de centre-gauche conservateurs [3]) et, d’autre part, les États progressistes [4] de la région. Ces derniers sont opposés au retour des ambitions impérialistes des États-Unis en Amérique latine et ne reconnaissent pas Porfirio Lobo.

Dans cet entretien réalisé à Saint-Domingue, le président Manuel Zelaya analyse la situation du Honduras, expose sa vision géopolitique de l’Amérique centrale et latine en général, et donne son point de vue sur le rôle joué par les États-Unis dans la région. Il juge également l’action de l’Union européenne et présente, en conclusion, sa stratégie pour rétablir la démocratie au Honduras.

Christophe Ventura : Un peu plus d’un an après le coup d’Etat dont a été victime le Honduras, et après les “élections” du 28 novembre 2009 qui ont installé Porfirio Lobo au pouvoir, quelle est la situation précise de votre pays au regard de la crise économique et sociale, la crise politique et démocratique, la répression et la violation des droits de l’homme, sujets peu abordés par les médias ?

Manuel Zelaya :Un coup d’Etat est une tragédie. Comme le décrit l’écrivain italien Curzio Malaparte, il s’agit d’une rupture surprenante et très violente. Une attaque d’un pouvoir de l’Etat contre un autre pouvoir de l’Etat. Dans le cas hondurien, les forces armées ont pris le pouvoir indirectement, par l’intermédiaire de civils. Dans mon pays, un an après, nous vivons les conséquences tragiques de l’arrivée au pouvoir d’une des oligarchies des plus extrémistes et criminelles d’Amérique centrale. Dix familles dirigent le pays. Elles contrôlent les ressources naturelles, énergétiques ainsi que les principaux moyens de production, les banques, les moyens de communication et les deux principaux partis politiques qui se sont répartis le pouvoir pendant les cent dernières années. Rares ont été les périodes démocratiques. Désormais, elles contrôlent totalement les trois pouvoirs de l’Etat et toutes les institutions, y compris les forces armées et la police.

Ces familles ont décidé d’utiliser les armes parce qu’elles avaient perdu le contrôle politique de l’Etat et n’avaient plus la capacité d’arrêter les réformes mises en place par notre gouvernement. Cette offensive a montré la fragilité des nouvelles démocraties d’Amérique centrale qui sont nées dans les années 80 avec les accords de paix et la fin supposée de la guerre froide.

Un an après le coup d’Etat, près de 99% des mesures mises en place durant les trois années et demie de mon gouvernement ont été annulées : la démocratie participative, le respect de la souveraineté populaire, la liberté économique et la liberté de la presse, et aussi la liberté en matière de relations internationales.

Le Congrès national, contrôlé par le nouveau président Porfirio Lobo et par Roberto Micheletti [5], a abrogé la loi de participation citoyenne qui donnait au peuple le plein accès au droit d’être consulté sur tous les sujets d’intérêt national. Il a remis en place le système que nous avions aboli qui permettait d’organiser, en faveur des grandes compagnies du capital international, la prolifération de contrats juteux dans la production de l’électricité. Il a mis fin à la réglementation que nous avions mise en place en matière de politique monétaire. Grace à elle, nous avions obtenu une baisse drastique des taux d’intérêt pratiqués pour le crédit au public. Il a également suspendu la loi sur le salaire minimum que nous avions instaurée.
Les privilèges accordés aux transnationales nord-américaines du pétrole, que nous avions supprimé, ont été restitués. Ce Congrès a cassé le traité international souscrit avec l’Alliance bolivarienne des peuples d’Amérique (ALBA) que nous avions signé avec les pays socialistes d’Amérique du Sud. Il a suspendu le projet de récupération de la base militaire de Palmerola qui était utilisée par le Commando Sud de l’Armée nord-américaine. Nous étions en train de faire de cet espace l’aéroport civil le plus grand d’Amérique centrale. En conclusion, l’économie est en récession. Elle est affectée par la réduction drastique des recettes. L’année fiscale se solde par une croissance négative de notre économie de - 4% accompagnée d’une baisse conséquente de l’investissement et de l’augmentation accélérée du nombre de pauvres.
Tout cela va à l’encontre des résultats de mon action. En trois ans, et pour la première fois dans l’histoire du Honduras, nous avions réduit l’extrême pauvreté de plus de 12 points et obtenu une croissance économique de 6 à 7 %.

Un an après le coup d’Etat, la situation politique est dramatique. Le pays est victime de fréquentes exécutions extrajudiciaires, de torture et d’assassinats politiques. Des neuf mille dénonciations de violations des droits de l’homme, plus de quatre mille correspondent à des cas de personnes emprisonnées, violées, torturées, sans compter les 166 assassinats de personnes qui portent d’évidents signes de torture et de viol. Toutes les victimes, femmes et hommes, sont des membres connus du Front national de résistance populaire (FNRP). Pour notre plus grande honte, les auteurs intellectuels et matériels du coup d’Etat et de ses crimes continuent d’assumer leurs fonctions. Ils ont même été promus aux plus hautes fonctions au sein du gouvernement de Monsieur Porfirio Lobo. L’impunité est au cœur du régime.

Nous pouvons affirmer que depuis le mois de novembre 2009, (qui correspond au moment où le gouvernement des Etats-Unis a donné son appui au régime du dictateur Micheletti pour organiser des élections sous pression et avec une persécution des opposants - et auxquelles ont participé seulement 30% des inscrits sur les listes électorales - ), Washington a assumé totalement la véritable conduite du pays. Et ce, tant sous le régime de Micheletti que sous celui de son successeur Porfirio Lobo en feignant d’ ignorer que celui-ci n’a pas fait un seul pas vers la restauration de la démocratie et du plein droit de notre peuple.

CV : Quelles sont vos relations avec le FNRP ? Quels sont les secteurs qui y sont les plus impliqués ? Quelles actions mène-t-il et quelles sont ses perspectives ?

MZ : Aujourd’hui, l’opposition s’est regroupée au sein de cette nouvelle force connue sous le nom de Front national de résistance populaire (FNRP). Le Front est né le même jour que le coup d’Etat, dans d’horribles conditions de répression. C’est une plateforme de lutte qui regroupe toutes les organisations sociales et politiques dont le but est de sauver la démocratie du groupe d’oligarques usurpateurs actuellement au pouvoir. Au mois de juillet dernier, durant sa première assemblée nationale, le FNRP m’a nommé coordinateur général du mouvement. Mes relations avec le FNRP se sont consolidées à travers la construction d’un objectif commun : refonder le Honduras. La conduite du Front opère de manière sui generis dû à ma condition d’exilé.

Aujourd’hui, le FNRP est limité dans ses actions. Mais, jour après jour, grandit au sein du peuple la nécessité d’avancer vers un système politique basé sur une plus grande participation citoyenne qui puisse, par des moyens pacifiques et participatifs, restaurer la légitimité institutionnelle de l’Etat. A court terme, le but du FNRP n’est pas de se convertir en parti politique car des forces de diverses tendances y sont impliquées : ouvriers, paysans, secteurs sociaux organisés, mouvements démocratiques qui ont surgi en opposition au coup d’Etat, socialistes, libéraux progressistes, ainsi que d’autres personnes provenant de secteurs politiques conscients de la nécessité de faire vivre les réformes que nous avions impulsées. Actuellement, nous travaillons à l’élaboration d’un projet de nouvelle Constitution.

Nous pourrions avancer plus si Washington ne se mêlait pas autant de la situation et si des membres de la communauté internationale aidaient à trouver des solutions au lieu de contribuer à masquer la réalité de ce qui se passe au Honduras. Je suis conscient que nous vivons dans un monde où il est difficile de penser librement. Quand un chef d’Etat décide de le faire, les droites internationales, avec leurs gouvernements et leurs partenaires régionaux, font le pari d’une « normalisation » forcée du statut quo et laissent impunis les auteurs de cette « rupture violente » qu’elles ont elles-mêmes encouragé.

CV : Que pensez-vous de la proposition des Etats-Unis et de Porfirio Lobo d’organiser la réintégration du Honduras à l’Organisation des Etats Américains (OEA) ?

MZ : Les forces d’extrême droite de notre région et d’Amérique du Nord déploient, comme elles l’ont démontré publiquement, un plan de contrôle du Honduras et utilisent leur influence et des moyens de pression multiples pour créer la fiction d’une reconnaissance politique du gouvernement Lobo, même si elles savent pertinemment que s’est installé au Honduras un régime incapable de répondre à une seule des conditions de cette reconnaissance fixées par les organisations internationales.
Sans méconnaître le fait que, sur quelques questions secondaires, le président Lobo a fait preuve de bonne volonté, il faut tout de même rappeler qu’il contrôle tout l’appareil médiatique et qu’il a mis en place une politique de répression dans notre pays. Il n’existe aucun signe tangible de son gouvernement témoignant d’une volonté réelle de construire un dialogue avec sa véritable opposition, le FNRP, et de restaurer la démocratie. Ceci est le véritable accord entre Mme Hillary Clinton et Porfirio Lobo.

CV : Comment jugez-vous l’attitude de Washington et du Président Barack Obama ?

MZ :S’il est certain que le Département d’Etat nie sa participation au coup d’Etat, cela ne veut pas dire qu’il n’en était pas pleinement informé. Une des choses qu’il n’ignore pas est que le Commando Sud – qui contrôle la base de Palmerola – s’est associé à la CIA, aux militaires honduriens et à deux pouvoirs de l’Etat pour destituer le pouvoir exécutif. Il y a suffisamment de preuves aujourd’hui pour le démontrer. Et comme on dit en matière pénale, « A qui profite le crime ».
La Bible nous dit : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits ». Il est maintenant facile de comprendre pourquoi Washington s’obstine autant et quel est son intérêt à affirmer qu’au Honduras “tout est revenu à la normalité”.

CV : Certains médias affirment que Porfirio Lobo cherche à passer un accord avec vous. Le Secrétaire général de l’OEA, José Miguel Insulza, après avoir eu une entrevue avec Porfiro Lobo à Miami, est venu en République Dominicaine au mois de juillet pour vous rencontrer. Un accord serait-il possible ?

MZ :C’est une campagne médiatique. En réalité, les Etats-Unis, ainsi que ses acolytes impliqués dans le coup d’Etat, font tout pour empêcher mon retour. Les procédures judiciaires lancées contre moi par Micheletti durant la période où il a dirigé le « gouvernement de facto » devaient, selon la Constitution, être annulées. Elles ne l’ont pas été. Dans son rapport du 30 juin dernier, la Commission de haut niveau de l’OEA affirme clairement que ces procédures « relèvent de motivations politiques ». Lobo et son gouvernement continuent d’engager de telles procédures contre moi dans le but de m’humilier et de m’obliger à me présenter devant un appareil judiciaire co-auteur du coup d’Etat. Pour que mes propres bourreaux deviennent mes juges. Une ruse grossière …

CV : La droite a repris le pouvoir au Panama. Le centre gauche conservateur gouverne au Costa Rica et au Guatemala. Il y a des ambiguïtés au Salvador, car le FMLN gouverne avec une base qui sympathise avec votre cause mais, en même temps, le président Mauricio Funès appuie la proposition de réintégration du Honduras au sein de l’OEA. Certains pays de l’Alba comme le Nicaragua, la Bolivie, Cuba, l’Equateur et le Venezuela sont en votre faveur. Dans ce contexte géopolitique international, comment analysez-vous la configuration de possibles alliances en Amérique centrale ?

MZ : Le Honduras, comme le disent les experts qui travaillent sur les logiques du pouvoir, est aujourd’hui le laboratoire de la droite-extrême en Amérique latine. Une droite-extrême qui essaie de paralyser, au moyen de la peur, toute tentative de réforme. On perçoit clairement un retour aux politiques de répression du XXème siècle. Les castes militaires, qui ont causé tant de tort aux nations, sont de retour. Porfirio Lobo a récompensé les militaires qui ont fait le coup d’Etat en plaçant les plus importants de ces personnages dans son cabinet. Et ceci dans l’objectif d’envoyer un message aux présidents démocrates d’Amérique centrale et de les effrayer.

CV : Selon vous, quels sont les facteurs internes, régionaux, politiques et économiques qui peuvent expliquer ce coup d’Etat ?

MZ : Au fond, ce qui est totalement clair et prouvé, c’est que l’intérêt économique des transnationales américaines et de leurs affidés locaux l’a emporté au Honduras. Elles se sont senties mises en danger par les politiques menées par mon gouvernement. Et en particulier par notre association avec Petrocaribe et l’Alba, qui nous a permis d’avoir du pétrole à meilleur prix et de profiter de remises sur ce produit [6]. En un an, le Honduras a obtenu plus de bénéfices économiques et sociaux qu’il en a obtenus en dix avec les Etats-Unis… Au niveau intérieur, la crainte de la classe possédante suscitée par notre proposition de développer une démocratie participative basée sur l’exercice de la démocratie directe et de la souveraineté populaire a déclenché un séisme. Elle a eu peur de perdre ses privilèges traditionnels et le monopole des décisions politiques.

CV : Sur le plan politique et philosophique, plusieurs écoles nourrissent votre pensée. Vous vous définissez comme un “libéral prosocialiste”. Qu’est-ce que cela signifie ?

MZ : Quand Adam Smith a formulé ses premières réflexions sur le libéralisme économique, il n’a pas écarté l’objectif social de celui-ci dans le sens d’une responsabilité assumée dans le processus de création de richesses. Mais nous devons comprendre que le concept de libéralisme économique, loin d’assurer de telles promesses, a évolué dans la direction contraire. Le néolibéralisme, la mondialisation du commerce, les échanges financiers spéculatifs et commerciaux licites ou non, les brevets, les subventions à l’agriculture et les politiques protectionnistes de l’Union européenne et de l’union Mexique - Etats-Unis - Canada sont des processus de perversion du libéralisme philosophique qui contient, lui, une promesse de justice.

Je considère qu’un processus libéral à but social doit organiser le transfert équitable à l’ensemble de la société des chances qui étaient jusqu’ici réservées à une élite. Il s’agit d’un processus de transfert qui doit s’orienter vers les principes du socialisme. Le libéralisme prosocialiste est un combat pour une liberté avec équité. C’est, au fond, une « idéologie de transition ».

CV : Vous êtes exilé en République dominicaine. Une partie de votre famille réside toujours au Honduras. Comment vivez-vous sur le plan personnel cette situation ?

MZ :L’exil est une torture pour la personne qui la subit, ainsi que pour sa famille. C’est un déracinement forcé. Tout ce qui a une signification profonde dans la vie d’une personne est affectée : la terre, les gens, la lumière, la Patrie… C’est particulièrement vrai et douloureux pour des personnes qui, comme nous, viennent d’une zone rurale où l’attachement à la terre nous enseigne de puiser profondément dans la racine des choses.

Ce qui a soulagé ce sacrifice, c’est l’hospitalité et l’affection du peuple dominicain, ainsi que celle du président Leonel Fernández et de sa famille. L’ambassadeur des Etats-Unis au Honduras, Hugo Llorenz (accepté à ce poste par mon gouvernement en 2008), qui avait apporté de l’aide à ma famille au début du coup d’Etat pour lui permettre de sortir du pays, n’a pas plus de droit que nous de respirer l’arôme des pins qui m’ont vu naître. Surtout lorsqu’il s’oppose maintenant activement à mon retour et promeut l’impunité de ceux qui ont mené, dans le sang, le coup d’Etat.

Durant trente ans, j’ai lutté avec mon peuple pour arriver à la présidence. Je suis un homme politique à temps complet. Quand je reviendrai au Honduras, je reprendrai le poste qui me correspond. Je ne serai pas candidat à la présidence car la Constitution l’interdit, mais je serai actif aux côtés de mon peuple en résistance. Pour ce faire, j’ai décidé de créer une Fondation pour la défense de la démocratie du XXIème siècle dont la vocation sera de la protéger de ses ennemis, qui sont ceux de nos peuples et de nos victoires.

CV : Quel serait votre message pour les Européens ? Quelles sont vos attentes concernant les gouvernements de l’Union européenne ?

MZ :Je remercie les efforts faits par les pays de l’Union européenne, mais ils n’ont pas été pas suffisants… Encore moins pour un pays qui, comme le Honduras, a été gouverné pendant cinquante ans par les préceptes du “consensus de Washington” et qui, de ce fait, est devenu le pays d’Amérique latine le plus pauvre et inégal. Au début de la crise, l’Europe a montré une certaine force lorsqu’elle a condamné le coup d’Etat. Mais celle-ci lui a ensuite manqué pour exiger un processus de restauration de la démocratie. Elle a ensuite reconnu sans conditions le nouveau régime, par intérêt commercial et en opposition aux positions de nombreux mouvements sociaux européens et à la majorité des gouvernements d’Amérique latine. L’Union européenne a appelé Porfirio Lobo à signer l’Accord d’association qu’elle souhaite finaliser avec les pays d’Amérique centrale.

Méconnaissant les véritables problèmes d’une Amérique latine qui fait face à la réapparition du néofascisme militaire putschiste, l’Europe a accepté que le gouvernement de Porfirio Lobo résulte d’élections illégitimes conduites par une dictature. Elle n’a rien fait jusqu’à aujourd’hui pour empêcher la violation des droits de l’homme, pour contenir la répression et la persécution des résistants, et encore moins pour résoudre le problème de restauration de l’ordre démocratique.

Les processus sociaux et leurs avancées en Amérique latine et dans les Caraïbes ne pourront pas être freinés par les transnationales du commerce même lorsque ces dernières influencent des gouvernements ou renversent des présidents. Mon message aux droites européennes est donc le suivant : elles doivent commencer à comprendre que la démocratie ne se résume pas seulement à faire du business dans les pays d’Amérique latine. Il s’agit de respecter mutuellement les revendications légitimes de justice de nos peuples, de veiller sur nos institutions et le bien-être des citoyens et citoyennes.

Je dis aux peuples européens et au réseau d’organisations sociales qui nous appuient que nous ne disparaîtrons pas avant d’avoir réussi à restaurer la légalité constitutionnelle et la démocratie dans mon pays.

* Entretien réalisé par Christophe Ventura à Saint-Domingue (République Dominicaine) le 13 juillet 2010. Revu par Manuel Zelaya dans sa version finale du 27 juillet 2010.


Notes

[1] Le Parlacen a été créé en 1991. La République dominicaine y est également représentée par le bias de députés de son Assemblée nationale désignés.

[2] Le pays compte près de 7,5 milions d’habitants.

[3] Le Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, El Salvador, le Panamá, le Perou, le Mexique et le Chili constituent le club des pays qui ont rétabli les relations commerciales et/ou diplomatiques avec le gouvernement de Tegucigalpa.

[4] Les membres de l’Alliance bolivarienne des peuples d’Amérique (Alba) - Antigua et Barbuda, Bolivie, Cuba, La Dominique, Equateur, Nicaragua, Saint-Vincent et les Grenandines, Venezuela - , ainsi que l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay.

[5] Roberto Micheletti a conduit le « gouvernement de facto » issu du coup d’Etat jusqu’aux « élections » du 28 novembre 2009.

[6] Petrocaribe est un accord passé à partir de 2005 entre le Venezuela et une quinzaine d’Etats de la Caraïbe et de l’Amérique centrale. Aux termes de cet accord, le Venezuela fournit du pétrole à des prix préférentiels, la différence avec le cours mondial faisant l’objet de prêts ou de fourniture de biens et de services en troc.

mercredi 14 juillet 2010

Un an après le coup d'Etat, le Honduras résiste. Entretien avec le président Manuel Zelaya par Manola Romalo

« Nous devons vaincre le coup d'État, l'impunité et la terreur ». Manuel Zelaya, président légitime du Honduras depuis janvier 2006, a été dérogé le 28 juin 2009 par un coup d'État. Depuis le 27 janvier 2010, il se trouve avec son épouse et sa cadette en République Dominicaine. Entretien réalisé par Manola Romalo, publié en exclusivité par Junge Welt (Allemagne) et Rebellion (Espagne).

Ce 28 juin le peuple hondurien sort protester dans tout le pays contre le coup d'État perpétré il y a un an par une clique d’oligarques, parrainé par Washington. Sous l’hospice d’un gouvernement fantoche mis en place en juillet 2009 — suivi par les élections présidentielles manipulées de janvier 2010 — des paramilitaires ont assassiné à ce jour des dizaines de membres de la Résistance, des syndicalistes, des enseignants, des journalistes. Protégeant ses intérêts économiques, l’Union Européenne n’y voit que du feu.

Manola Romalo : Monsieur le Président, cela fait un an aujourd’hui qu’une clique d'entrepreneurs envoyèrent des militaires vous kidnapper dans votre maison sous le feu des balles. Que signifie cet acte pour l’avenir du Honduras ?
Manuel Zelaya : En ce moment, ils ont plus de problèmes qu’auparavant : ils ont fait prendre conscience, non seulement au peuple hondurien mais aussi aux peuples d’Amérique Latine, de la menace que représente l’ambition économique pour les démocraties. Avec cette attaque, ils ont réussi à accélérer les processus de transformation à travers lesquels sont nées de nouvelles forces d’opposition.
L’influence des grandes multinationales s’étend à la politique étrangère des États-Unis, preuve que l'administration d’Obama — de même que celle de son prédécesseur — est tombée dans l’effrayante erreur d’appuyer le terrorisme d’État. Ils ont recommencé à faire des coups d’État, méthode pratiquée déjà dans le passé par une extrême droite acharnée à semer la barbarie à travers le monde.

Manola Romalo : Quoique les putschistes, parrainés par Washington, essayèrent de maquiller en démocratie les élections présidentielles de novembre 2009, une grande partie de la communauté internationale n’a pas reconnu la légitimité du gouvernement en place. Quelles transformations démocratiques veut le peuple hondurien?
Manuel Zelaya : J'ai présenté un plan de réconciliation en 6 points qui passent par le respect des Droits Humains et la fin de l’impunité. C'est le chemin correct pour annuler le putsch et retourner à l’État de droit.
Avec leur position inflexible et extrémiste de laisser impuni ce putsch au Honduras, les États-Unis et leurs alliés créoles n'appuient pas ce plan et n’aident en rien la réconciliation du peuple hondurien.
Contrairement à ce que nous avons espéré, avec ses déclarations, le Département d’État ignore le crime qu’il condamna antérieurement et nomme « crise politique» des faits qu’il occulte : l'immunité et les privilèges des putschistes.

Manola Romalo : Le Ministère allemand des Affaires Extérieures informe sur son site Internet , qu’ « après le coup d`État », le gouvernement allemand ne reprendra pas de nouveaux projets d’aide pour le Honduras, mettant également court aux « consultances gouvernementales ». Quelle est la situation économique du pays ?
Manuel Zelaya : Les chiffres sont plus éloquents que les mots. En trois ans nous avions réalisé les meilleurs indices de croissance de l’histoire du Honduras : 6,5 et 6, 7 %. Pour la première fois en trente ans, la pauvreté avait été réduite à plus de 10 %.
Par contre, depuis le coup d'État, le pays est entré dans une récession économique, le nombre de pauvres a augmenté, les investissements de l’Etat et ceux des particuliers ont été réduits de façon significative. Les dommages causés par le coup d'État dans le processus de développement économique du pays vont durer au moins dix ans avant d’être réparés.

Manola Romalo : Ce 28 juin, il y aura de grandes manifestations dans tout le pays, le peuple va débattre les principaux articles de la Déclaration légitime pour reconstruire la démocratie, l’ordre constitutionnel et l’État de droit.
Manuel Zelaya : L’organisation, la conscience et la mobilisation sont nécessaires pour renforcer le Front National de Résistance Populaire (FNRP) qui est la force sociale et politique de la Résistance contre le coup d’État. Nous avons la responsabilité de la reconstruction, le peuple doit reprendre les affaires en cours pour transformer le pays.

Manola Romalo : Monsieur le Président, dans le contexte politique du Honduras, le peuple réclame énergiquement votre retour. Quels sont vos projets ?
Manuel Zelaya : Le futur n'est pas très loin. Toutefois je fais des projets pour le présent: je veux réussir à vaincre les espaces d'impunité avec lesquels les putschistes prétendent couvrir les crimes contre la démocratie et contre l'humanité.
Mon retour devra être immédiat, il n´existe aucun prétexte ni justification qui expliquerait l'absence absolue de garanties our mon retour. Il n’est pas possible que quelqu’un prétende voir les victimes soumises à la justice de leurs bourreaux.
Mon retour est lié à la reprise de l’Etat de droit au Honduras. Le propre président Porfirio Lobo affirme être menacé, ajoutant en même temps qu’il garantit ma sécurité.
Évidemment, ils utilisent les Honduriens comme des cobayes, les putschistes font de ce pays un laboratoire de violence. Ils recourent aux castes militaires pour réprimer le peuple et créer le chaos afin de maintenir le contrôle sur la société. Peu leur importent les conséquences du processus d'intégration régionale et la confrontation, doublement éprouvés, avec les organismes multilatéraux.
Les preuves sont sous nos yeux : ils ont créé un nouveau régime de terreur et de persécution. Et les Etats Unis ont beaucoup perdu de leur prestige en Amérique Latine.

mercredi 23 juin 2010

28 juin 17h, manifestation un an après le coup d'État

MANIFESTATION


Un an, jour pour jour, après le



COUP D'ETAT MILITAIRE AU HONDURAS



qui a été honteusement avalisé par les Etats-Unis,

par la Belgique et par l'Union européenne

suite à l'organisation d'élections pseudo-démocratiques,

alors que la répression s'intensifie, mais que la résistance tient bon,


venez manifester avec nous,


ce lundi 28 juin à 17h00


face à l'Ambassade du Honduras,

3, rue des Gaulois

à 1040 Bruxelles (Métro Mérode, bus 80, tram 81,)



- SOLIDARITE AVEC LA RESISTANCE DU PEUPLE DU HONDURAS CONTRE LE COUP D'ETAT ET POUR UNE CONSTITUTION DEMOCRATIQUE !


- NON A LA COOPERATION DE LA BELGIQUE ET L'UNION EUROPENNE AVEC LES MILITAIRES ET LES CIVILS PUTCHISTES !


- NON AUX ASSASSINATS ET A LA CENSURE !


- RETABLISSEMENT DE LA DEMOCRATIE ET DU GOUVERNEMENT LEGITIME !


EXPULSION DE L'AMBASSADEUR PUTCHISTE RAMON CUSTODIO !


Pour trouver l'ambassade du Honduras, sur Google Map : http://maps.google.com/maps?f=q&hl=en&q=3%2C+rue+des+Gaulois+1040+%2C+Bruxelles%2C+Belgium


A l'initiative de :

PLATEFORME POUR LA DEMOCRATIE AU HONDURAS, CNCD 11-11-11, CADTM, CIFCA, CIDAL, Comité pour les droits humains "Daniel Gillard", Comité de solidarité avec la Bolivie,...


mercredi 16 juin 2010

Projection du film "Quien dijo miedo ?" de Katia Lara

Le 24 juin à 20h au Botanique.

Le film de Katia Lara — réalisatrice hondurienne bien connue — aujourd'hui exilée en Argentine, sera lancé en sa présence à Bruxelles le 24 juin simultanément avec les lancements qui ont eu lieu tout au long de ce mois de juin à Madrid, Hamburg, París, Managua, San Salvador, Guatemala, San José, Caracas, Washington y San Francisco, un an après le coup d'Etat au Honduras qui a été perpétré le 28 juin 2009.

Pour la réalistatrice: « il n'y a pas de démocratie dans un pays où des milliers d'hommes et de femmes n'avons d'autre choix que l'exil ou la mort. Aujourd'hui j'ai le privilège et la responsabilit de raconter notre histoire de résistance pacifique" et elle ajoute" la mobilisation internationale face à la situation du Honduras doit se renforcer afin d'obliger les gouvernements du monde à agir en fonction des souhaits de leurs peuples au lieu de le faire en faveur d'intérêts impérialistes. »

Synopsis du documentaire

Avant le coup d'État, René travaillait la réalisation de spot de télévision pour promouvoir une consultation pour permettre au peuple hondurien de décider de convoquer ou non une Assemblée constituante. Le matin du 28 juin 2009 la consultation populaire fut remplacée par un coup d'Etat brutal contre le Président Manuel Zelaya, qui fut sequestré et expulsé du pays.
QUIEN DIJO MIEDO suit le peuple hondurien en résistance en accompagnant René, qui a rejoint depuis le premier jour le Front de Résistance contre le coup d'État. Ainsi nous connaissons de près la trame de ce réveil de ce peuple qui ne veut plus être le laboratoire des Etats-Unis conre les changements qui s'opèrent en Amérique latine.

QUIEN DIJO MIEDO montre la barbarie de la dictature instaurée, occultée par l'encercelement médiatique. Chaque jour, durant six mois, la résistance manifeste pacifiquement dans tout le pays, et se renforce malgré la répression: détentions illégales, coups, mensonges, tanks, état de siège, couvre-feux, assassinats, disparitions forcées, perquisitions illégales, fermeture des médias, menaces de morts... Après divers tentatives de retour, Manuel Zelaya réapparait de façon inopinée à l'Ambassade du Brésil, qui encerclée par l'armée du Honduras, se convertit en prison durant quatre mois. René n'a pas d'autres choix que l'exil pour continuer la lutte.
Le 29 Novembre 2009 les auteurs du coup d'État organsient un show électoral pour légitimiser leur nouveau dictateur; Porfirio Lobo. Zelaya abandonne le pays le jour même de la prise de la prise de possession de Lobo.

Le Front de résistance populaire continue le processus non réversible créé par le coup d'État lui-même vers une Assemblée Nationale Constituante et pour une refondation du pays. Le monde doit être sur ses gardes. L'expérience menée par les États-Unis peut se reproduire ailleurs...

vendredi 23 avril 2010

Une journée de soutien au Sommet des Peuples

Climat et Justice Sociale et la Plate-forme démocratie au Honduras appellent les individus, associations, organisations sensibles à l’urgence de la question climatique, à se joindre à nous dans l’organisation d’un rassemblement aux abords de l’Ambassade de Bolivie en soutien au « Sommet des Peuples* » (en bonne entente avec l’ambassade), le samedi 24 avril, à 16.00.

Le rassemblement, que nous voulons festif, se rendra ensuite au théâtre Marni pour que la journée se termine non pas seulement avec des prises de paroles, mais aussi avec une fête de la Pachamama, organisée en collaboration avec nos amis d’Amérique Latine avec les groupes suivants :

• Llawar Mallku (Taller d'Arte Nativo Yawar Malku), Groupe artistique d’art indien, de musique autochtone et créole des pays des Andes

• Pachamama-Bolivia, Groupe folklorique de danse, de la Bolivie

Nous désirons nous adresser à un public large et dépasser le cadre des gens déjà sensibilisés ; nous pensons que c’est un des sens de la journée du 24/04 : une journée de manifestation et de soutien, à la fois consciente et festive. Il reviendra donc à toutes les associations organisations de mobiliser.

Après la très belle expérience du Train pour Copenhague et de la manifestation du 11 décembre dernier, nous voulons continuer à agrandir ce réseau qui nous rassemble et nous unit dans la lutte contre les incohérences qui détruisent le climat et hypothèquent la justice sociale.

Si vous êtes intéressés à porter ce rassemblement avec nous et à vous joindre à cet appel, merci d’appeler : Jean-François Pontégnie (0476/03.65.45) ou Sandra Invernizzi (0494/30.68.35)


(*) "Conferencia Mundial de los Pueblos sobre el Cambio Climático y los Derechos de la Madre Tierra"

Au Honduras, la normalisation par la guerre sale

Depuis la farce électorale du 29 novembre 2009 destinée à blanchir le coup d’État militaire du 28 juin contre le président Manuel Zelaya, la « médiacratie » a bien fait les choses : avec la bénédiction des Etats-unis et de l’Europe, le Honduras aurait retrouvé la démocratie.

Or, voilà que les masques du prétendu « gouvernement de réconciliation nationale » tombent. Comme dans les années 1980, le pouvoir a entrepris une campagne de liquidation sélective des militants et dirigeants du Front national de résistance populaire (FNRP), à travers des escadrons de la mort qui sévissent en toute impunité. Le 23 mars, le professeur Manuel Flores a été abattu dans son établissement, San José de Pedregal, devant ses élèves et collègues. Dirigeant syndical du Collège des professeurs de l’enseignement secondaire, il était également membre du Parti socialiste centraméricain. Le 26 mars, des journalistes du Canal 4 de Juticalpa, Ballardo Mairena et Manuel Juarez, ont été criblés de balles par des hommes armés qui leur avaient tendu une embuscade. Ces deux morts s’ajoutent aux cinq journalistes assassinés en quelques mois par le régime du président Porfirio Lobo.

Le 25 mars, onze dirigeants syndicaux de l’Enseignement supérieur de l’Université nationale autonome du Honduras (UNAH) ont été arrêtés, ligotés et enchaînés comme des malfrats. Dans le département d’Atlantidá, cinq paysans ont été abattus depuis le début de l’année, dont José Antonio Cardoza et José Carias, du Mouvement unifié des paysans d’Aguán (Muca). Le défenseur de la forêt, Francisco Castillo, a également été liquidé.

La haut-commissaire aux droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU), Mme Naty Pillay, a demandé le 15 mars que s’ouvre une enquête sur « les cas de violations du droit à la vie, torture, arrestations arbitraires et viols » au Honduras.

Le coup d’Etat préventif du 28 juin 2009 était bien un avertissement à tous les peuples d’Amérique latine, une tentative de coup d’arrêt, d’intimidation envers l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), et visait à refaire du Honduras le gendarme américain en Amérique centrale.

Renforcée, plurielle, inventive, non-violente, l’opposition hondurienne, rassemblée au sein du FNPR, ne désarme pas. Elle va entreprendre, d’avril à juin, une grande consultation nationale pour recueillir les signatures de 30 % des électeurs en vue d’exiger une Assemblée constituante débouchant sur la refondation du pays, par l’élaboration d’une constitution ayant désormais pour garant le peuple et non l’armée et l’oligarchie.

L’Union européenne se tait ; elle a repris tant ses relations avec Tegucigalpa que les négociations commerciales avec l’ensemble de l’Amérique centrale – dont fait partie le Honduras – pour signer en mai prochain un traité de libre commerce.

Jean Ortiz
Professeur à l'Université de Pau

Deux journalistes de plus tués par balle

AFP - Deux journalistes ont été tués par balle vendredi au Honduras, ce qui porte à cinq au total le nombre de journalistes assassinés dans ce pays au cours du seul mois de mars, a-t-on appris de source officielle.

Les deux journalistes voyageaient à bord de leur voiture dans le département d'Olancho (est) quand des inconnus ont ouvert le feu dans leur direction à partir d'un autre véhicule, dont les assassins "sont même descendus pour achever leurs victimes", a déclaré à la presse Rigoberto Contreras, chef des pompiers de Juticalpa, une ville située à 200 km à l'est de Tegucigalpa, la capitale.

Bayardo Mairena, qui animait des programmes à la radio et à la télévision locales, a été tué sur le coup, et Manuel Juarez, son assistant, a succombé à ses blessures peu après à l'hôpital, a précisé le chef des pompiers qui a ajouté qu'on ignorait les motifs de ces assassinats.

Ils surviennent après une série de meurtres de journalistes commis ce mois-ci. Le 15 mars, Nahum Palacios Arteaga, 34 ans, a été abattu dans sa voiture à Tocoa (nord). Il travaillait pour une radio et une télévision locales. "On a vraiment voulu le tuer, la voiture présentait 41 impacts" de balles, a expliqué un porte-parole du ministère de la Sécurité.

Le journaliste et un de ses confrères avaient reçu récemment des menaces téléphoniques leur enjoignant de cesser de "défendre les pauvres", selon le Comité pour la liberté d'expression, organisation
privée de défense de la presse.

Depuis le coup d'Etat qui a renversé le président Manuel Zelaya le 28 juin 2009, "Nahum Palacios Arteaga avait été victime de mauvais traitements et de vexations de la part de militaires qui lui avaient
confisqué ses instruments de travail", a précisé le comité dans un communiqué.

Le 11 mars, le journaliste David Meza, 51 ans, a été tué par balle dans sa voiture à La Ceiba, port de la côte atlantique, à 500 km au nord de Tegucigalpa. Il était correspondant pour une radio et une chaîne de télévision de la capitale.

Le 2 mars, un autre journaliste, Joseph Hernandez, 26 ans, a été tué à Tegucigalpa par des coups de feu qui avaient blessé Karol Cabrera, une éditorialiste qui a attribué cette attaque à des partisans de l'ex-président Zelaya.

Source : France24

Pour la résistance contre le coup d'État

Plate-forme pour la démocratie au Honduras

Le 28 juin 2009, le président constitutionnel du Honduras, Manuel Zelaya, a été séquestré par l'armée du Honduras et expulsé de force vers le Costa-Rica, avec l'appui tacite des États-Unis. Une oligarchie des plus réactionnaires a été installée au pouvoir par les militaires, afin d'empêcher les réformes sociales qui étaient en cours, et la démocratisation du pays.

Le Front de résistance à la dictature s'est immédiatement constitué, qui a opposé durant tous ces mois une résistance sans précédent à la dictature, malgré le haut niveau de répression, les blessés, les morts, les disparus, la censure et la destruction des quelques media indépendants.

L'Union européenne a condamné le coup d'État pour la forme, mais l'a entériné dans les faits, en s'abstenant d'exercer de pressions réelles notamment commerciales, qui auraient permis de rétablir la démocratie; puis en avalisant les élections frauduleuses organisées par ce pouvoir de fait, en décembre 2009, par lequel la dictature a tâché de laver son image.

Dès la prise de fonction en janvier 2010 du nouveau président, Porfirio Lobo, tout en déclarant pour la forme qu'elle serait vigilante sur la question des droits de l'homme, l'Union européenne l'a tout de suite considéré comme un interlocuteur valable pour reprendre les négociations d'un traité de libre-échange.

Aujourd'hui, malgré le fait que se multiplient au cours de ces derniers jours les assassinats de syndicalistes, de paysans, de journalistes, la résistance continue au Honduras et à l'extérieur. Pour nous, il est essentiel de contrer ce coup d'État au Honduras, pour la défense de la démocratie et des libertés non seulement au Honduras, mais aussi sur tout le continent latino-américain, et pour la survie des gouvernements démocratiques progressistes que se sont donnés les peuples dans d'autres pays tels que la Bolivie, l'Equateur, le Venezuela, le Paraguay, le Brésil...

Pour nous vivant en Belgique, il s'agit aussi de rejeter fermement le fait que l'Union européenne et la Belgique acceptent un tel régime de fait, de telles façades démocratiques, et tolèrent de telles violations des droits de l'homme et de l'État de droit; il s'agit de refuser que, — pour le profit de quelques investisseurs européens et de quelques transnationales —, soit négocié un accord de libre-échange avec un tel régime qui s'est imposé à la baïonnette et qui s'oppose bien entendu aux changements sociaux et à la démocratisation du pays.

Solidarité avec le peuple du Honduras !

Échec au coup d'État !

Non à la censure et aux assassinats !

Non aux négociations commerciales !

Tél: + 32 474576780

Compte bancaire pour appuyer la résistance: François Houtart: IBAN:BE19 0634 1932 8712 / BIC: GKCCBEBB